Abstract La présente étude sur les connaissances, attitudes et pratiques (CAP) en matière de SR s'inscrit dans le cadre de l'étude de base du projet expérimental des services àbase communautaire dans les districts d'Eseka et de Lolodorf. Cette enquête CAP de base a été exécutée de septembre à octobre 2001 par le Ministère de la Santé avec l'assistance technique du Population Council et l'aide financière de la représentation du FNUAP/Cameroun. L'étude a porté sur un échantillon de 2048 femmes âgées de 15 à 49 ans et 2048 hommes âgés de 15 à 54 ans dans les deux districts de santé d'expérimentation du projet SBC. Les objectifs spécifiques de cette enquête de base étaient de mesurer le niveau de connaissance et des pratiques des populations cibles en matière de SR et de déterminer les perceptions et attitudes des populations en matière de SR. Les informations recueillies ont permis de mesurer le niveau des indicateurs de départ avant le démarrage de toutes les activités d'intervention. L'examen des données révèle au niveau des districts d'Eséka et de Lolodorf que les principales caractéristiques socio-démographiques et économiques des échantillons en quêtés pour le groupe expérimental et le groupe témoin sont semblables et ceci quel que soit le sexe. Dans l'ensemble, l'échantillon de femmes dans les deux districts est relativement jeune (avec un âge médian de 25 ans), plus de la moitié de cette population est en union et plus de neuf femmes sur dix ont au moins le niveau primaire. Le nombre médian d'enfants par femme est de trois à Eséka contre deux à Lolodorf. Pendant que la quasi-totalité de la population est de l'ethnie Bassa à Eséka, l'ethnie Ewondo constitue plus de la moitié de la population à Lolodorf. L'échantillon des hommes interrogés dans les deux districts est plus âgé que celui des femmes avec un âge médian supérieur à 30 ans. Dans les deux districts, la population enquêtée est à majorité sexuellement active (entre 71 et 79% des femmes et entre 62 et 67% des hommes avaient un partenaire sexuel au moment de l'enquête). Un pourcentage non négligeable (40%) des personnes enquêtées dans les deux districts n'a jamais entendu parler des moyens ou méthodes de planification familiale. La connaissance des méthodes modernes de contraception est relativement répandue parmi les hommes et les femmes qui ont entendu parler de moyens ou méthodes de planification familiale. Le condom, cité spontanément par près de 75% des hommes et des femmes, la pilule par 50%, la continence périodique par 50% et l'injectable par 25% sont les méthodes de contraception les plus connues. Les principales sources d'approvisionnement/information citées par les femmes sont le partenaire, la belle-soeur, la radio et le livre de santé. Il est étonnant de constater que les femmes interviewées n'ont en aucun moment fait référence aux structures sanitaires comme source d'information pour se procurer une méthode contraceptive. Les sources d'information ne varient pas selon le district. Le centre de santé, la pharmacie et le personnel de santé ont été les principaux lieux cités par les hommes pour se procurer ou avoir des informations sur une méthode contraceptive. D'une manière générale la population enquêtée est favorable au concept d'espacement des naissances. Les femmes sont beaucoup plus favorables que les hommes: près de 80% des femmes contre 70% des hommes affirment que l'intervalle intergénésique doit être au moins de24 mois. La communication au niveau du couple ou entre partenaires n'est pas courante dans les deux districts: moins du quart des personnes interrogées ont discuté de PF au cours des douze derniers mois. La plupart des femmes qui ont affirmé avoir entendu parler des moyens ou méthodes qu'un couple peut utiliser pour retarder ou éviter une grossesse ont pratiqué la continence périodique à un moment quelconque de leur vie (trois personnes sur quatre l'avaient utilitée à Eséka contre deux sur trois à Lolodorf). Un pourcentage un peuplus faible de ces femmes avait une expérience avec le condom (42 à 45%), la pilule (16 à 22%), l'injrctable (9%), le spremicide (7 à 10%). L'expérience avec les méthodes de longue durée comme le DIU et le Norplant était quasiment inexistante (1 à 4%). Une faible proportion des femmes enquêtées utilisait une méthode contraceptive au moment de l'enquête dans les deux districts de l'étude. La prévalence contraceptive est de 6,1 à Eséka et 2,3% à Lolodorf. Parmi les hommes enquêtés près d'une personne sur trois a affirmé avoir utilisé le condom au moins une fois au cours des douze derniers mois précédant l'enquête. La prévalence de l'utilisation du condom chez les hommes au moment de l'enquête était respectivement de 12% à Eséka et 21% à Lolodorf. Le SIDA et les maladies sexuellement transmissibles sont largement connues par l'ensemble des femmes et des hommes enquêtés dans les deux districts. La quasi-totalité des hommes et des femmes a entendu parler du SIDA et d'autres IST que le SIDA. Pour ces femmes et hommes qui ont entendu parler du SIDA, la majoritéa affirmé connaître des moyens de prévention (près de 95% dans les deux districts). Le moyen de prévention le plus cité est l'utilisation du condom (plus de 85% des femmes et 75% des hommes). Le risque d'infection est assez élevé chez la population étudiée du fait de la prévalence relativement élevée des IST et des comportements à risque identifiés lors de l'enquête. Les données révèlent que 13% des femmes et 7 à 12% des hommes ont eu des symptômes d'IST au cours des douze derniers mois; et que 36 à 42% des hommes enquêtés ont au moins deux partenaires sexuels, et qu'en plus l'utilisation du condom n'est pas systématique lors de ces relations extra-conjugales. Un pourcentage non négligeable des femmes (27%) à Eséka ont recours à l'avortement au cours des douze derniers mois. Les femmes à Eséka fréquentent beaucoup plus que les hommes les structures de santé (85% des femmes contre 56% des hommes). A Lolodorf, la fréquentation des structures sanitaires est de 71% pour les deux sexes. Les types de services jugés disponibles par la majorité des femmes dans les deux districts sont : la consultation prénatale, les soins curatifs adultes et enfants, les accouchements, la vaccination et la postnatale. Chez les hommes, les soins curatifs adultes et enfants ont été jugés les plus disponibles par plus de la majorité d'entre eux.
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