Version élaborée après la publication du rapport d'analyse de l'étude.

2009-07-31

Les modalités concrètes de la prise en compte de la médecine traditionnelle restent à définir en Côte d'Ivoire, ainsi que les programmes et les activités y afférents. La série d'actions énoncées dans le document de politique ne peut tenir lieu de programme. Il s'en suit une déorganisation et une certaine anarchie dans le secteur au point où des charlatans s'improvisent tradithérapeutes.
La médecine moderne est de loin le secteur de soins le plus utilisé en cas de problèmes de santé. Plus d'un malade sur deux (54,6%) recourt à la médecine moderne. En revanche, le recours à la médecine traditionnelle est très faible, comparée à la médecine moderne. Le pourcentage de malades qui y recourent s'élève, contrairement aux attentes, à 13,6%. L'automédication occupe le reste du terrain.
Toutefois, la demande des soins de santé traditionnels existe bel et bien et elle est même plus importante qu'on ne le croit. Elle existe moins par le fait des recours à la médecine traditionnelle que par celui des recours à l'automédication. Cette demande n'est donc pas la demande réelle telle qu'exprimée par les recours actuels à la médecine traditionnelle, mais plutôt la demande potentielle. Celle-ci pourrait se mesurer en ajoutant à la demande réelle, les besoins de santé exprimés par le recours à l'automédication pour des raisons financières. Les raisons financières sont perçues comme l'élément le plus déterminant du choix de type de thérapie par les malades. L'analyse de l'itinéraire thérapeutique montre que le secteur traditionnel peut devenir parfois un système concurrentiel capable de détourner la clientèle potentielle du secteur moderne, dont la politique de recouvrement des coûts en conjugaison avec la dévaluation du franc CFA a créé, par endroits, des exclus du système de santé moderne.
La promotion de la médecine traditionnelle se justifie par la demande potentielle qui en est faite et par les résultats de l'analyse des déterminants du recours thérapeutique. Ces résultats ont mis en exergue l'importance du facteur "accessibilité financière". L'analyse des revenus a révélé qu'une proportion non négligeable des ménages ivoiriens vit en-dessous du seuil de la pauvreté.
Le problème de l'accessibilité financière risque de se poser pour très longtemps encore, avec la crise économique qui sévit en Afrique. Cela implique que l'accès aux soins modernes d'une partie non négligeable de la population risque d'être hypothéqué. Le développement de la médecine traditionnelle permettra de pallier une telle situation. Les entretiens avec les différents acteurs et les bénéficiaires du système de soins ont révélé que la médecine traditionnelle était de plus en plus sollicitée; cette perception était autant que celle des guérissuers eux-mêmes, de la population que des autorités sanitaires qui prédisent d'ailleurs un avenir radieux sous certaines conditions à ce secteur.
Une intégration des soins traditionnels aux soins modernes implique uen collaboration rapprochée entre les praticiens des deux secteurs. L'analyse faite sur cette question a révélé l'existence de difficultés dans ce domaine: les tradipraticiens se sentent méprisés malgré la volonté politique et l'officialistion de la médecine traditionnelle. En dépit de cela, on recommande que les efforts des pouvoirs publics pour développer les deux secteurs de soins soient plus soutenus dans l'avenir. On devra surmonter les différents facteurs qui font l'objet de ka désaffection actuelle pour le secteur moderne de soins tout en recherchant une meilleure collaboration avec le secteur traditionnel.

Données échantillonées [ssd]
L'unité primaire d'analyse est l'inividu.