Abstract L'objectif de ce travail était d'étudier la structure et la dynamique démographique d'une population forestière. Sachant la diversité des types de populations qui résident en forêt, notre choix avait été de retenir une population qui puisse être représentative des principales problématiques notamment la dégradation et la conservation de l'écosystème et de la biodiversité, l'adéquation entre population et ressources qui se pose à la plupart des groupes humains qui vivent dans les forêts tropicales, tout du moins africaines. En ce sens, la population de la boucle du Ntem présentait une bonne homogénéitté, tant sur le plan écologique qu'économique et culturel et pourrait être un objet d'étude pertinent. En effet, il s'agit d'une population d'essarteurs vivant dans une zone enclavée, comme la plupart des populations des forêts tropicales. Cette population de 1674 personnes se répartit dans 13 villages situés le long d'une piste. Comme l'ont montré les analyses du module économique, nous sommes dans une zone qui souffre du manque d'équipements: absence de moyens de transports, d'électricité, d'approvisionnement en eau potable, d'infrastructure médicale. L'habitat y est souvent précaire, le niveau d'équipement des ménages très réduit et le niveau de vie des poulations résidentes est bas. Comme la plupartdes populations forestières enclavées, celle de la boucle du Ntem est très mobile. Cette population n'est donc pas isolée et l'on assiste à des mouvements fréquents et intenses, qu'il s'agissent par exemple de scolaires partis faire chez des parents en ville des études et revenant au village pour les vacances, d'hommes actifs émigrés pour trouver un emploi et laissant leur famille au village, de migrants de retour, souvent jeunes, et qui sont sans emploi... On peut donc dire qu'il existe, au gré d'une conjoncture économique fluctuante, une rotation d'individus dans cette zone d'étude. Nos analyses montrent aussi que, malgré l'homogénéité socio-économique de la population, il existe des différences entre les villages. Ceux qui présentent les meilleures conditions de vie sont à la fois les plusproches de la sous-préfecture de Ma'an et les plus gros producteurs de la culture de rente qui est le cacao. Seul le village de Nyabizan, bien que le plus éloigné, profite de sa situation en bout de zone pour compenser son handicap par l'obtention de quelques équipements (présence d'in infirmier, de quelques commerces, d'un petit car qui relie la zone d'étude à la ville d'Ebolowa). La population de cette zone ne s'écarte pas des données générlaes fournies par le recensement de 1987 ou des résultats des enquêtes EDS. Il s'agit d'une population jeune (46% a moins de 15 ans), avec cependant un déficit d'adultes, principalement masculin, dans les classes d'âges d'actifs. L'analyse des unions montre que, comme partout dans le monde rural, l'on s'y marie jeune (plus de 75% des mariages des célibataires a lieu avant 30 ans chez les hommes et avant 25 ans chez les femmes). Les ménages, en dépit d'une proportion de 30% de type famille nucléaires, restent encore majoritairement des familles élargies qui fonctionnent principalement autour de solidarités familiales. Enfin, l'évolution de la population fait apparaître des taux de fécondité proches des moyens nationales. Des spéficités apparaissent néanmoins. On remarque qu'il existe un fort taux de scolarisation chez les jeunes de 6-18 ans, y compris chez les filles (plus de 82%). La zone présente une mobilité conjugale importante car les unions entre les personnes célibataires ne représentent que la moitié de l'ensemble des unions. Cette forte mobilité est due à de fréquentes ruptures des unions suivies de remariages, tant des divorcés que des veuf(ves). On notera aussi que l'étude des cercles de mariages montre la faiblesse de l'endogamie, et confirme donc l'ouverture de cette population vers l'extérieur (dans les limites de l'aire ethnique), malgré son enclavement. En Afrique, les recherches mettent partout en évidence une diminution de la mortalité générale et infantile, une amorce de la baisse de la fécondité dans certains pays ou régions et quelques évolutions dans les comportements matrimoniaux. Toutefois, ces résultats ne permettent pas de dégager destendances et les conséquences semblent encore difficiles à cerner avec précision. Nous sommes au début du deuxième stade de la transition démographique et l'analyse des modalités d'évolution du mariage et de la fécondité requiert à notre avis des études lus nombreuses, sur des populations bien définies et avec des effectifs importants et le concours de spécialistes de différentes disciplines. Pour y arriver, nous pensons que l'observatoire de population, en permettant son étude de façon continue dans le temps, est un outil très utile pour le démographe qui veut décrire et comprendre les processus du changement. Un observatoire de population exige l'articulation entre plusieurs types d'enquêtes qui doivent se compléter et correspondre à l'observation d'un même processus temporel. Dans la mesure où nous avons à faire l'étude d'une grande quantité d'information avec de nombreux items, il est nécessaire de constituer, sous forme informatisée, ce qu'il est convenu d'appeler un "fichier de population". Il permet de structurer l'information, et de produire des analyses. On peut ainsi dégager des tendances, effectuer des comparaisons diachroniques, étudier la structure et la dynamique d'un phénomène particulier. il suffit pour cela de déterminer une séquence temporelle d'étude et le choix d'indicateurs pertinents pour des populations de faible effectifs dont on souhaite étudier l'évolution sur une longue période. Ils peuvent aussi permettre d'intégrer des approches plus qualitatives et être ainsi au plus près de la réalité. C'est dans ce sens qu'il nous parait souhaitable de prolonger le premier travail que nous avons réalisé.
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