Abstract Cette étude qui s'est déroulée durant les mois de septembre et octobre 1996 associait trois outils complémentaires de recherche à savoir: le questionnaire pour le volet quantitatif, les entretiens structurés et des focus group discussions (FGD) pour le volet qualitatif. L'enquête par questionnaire a touché 1392 sujets dans 06 villages choisis aléatoirement parmi les villages du foyer de Santchou, à savoir: Balé, Mboukock, Michimia, Ngwatta, Ntiem, Singaim. Ces sujets se répartissent en 635 (45,6%) de sexe féminin et en 757 (54,4%) de sexe masculin. Leurs âges varient de 15 à 96 ans; 24,4% n'ont jamais été à l'école, 48,8% n'ont atteint que le primaire, 29% le secondaire et seulement 0,4% le supérieur. Les interviews structurés ont été adressées aux chefs des villages choisis, à deux responsables du Service d'Hygiène et Assainissement et à un Technicien de santé auprès de l'Hôpital de Santchou. Les participants aux FGD, issus de la population générale, étaient répartis en trois groupes: les hommes, les femmes et les jeunes. Chaque groupe a eu droit à trois sessions de FGD. Les résultats indiquent, pour ce qui concerne les connaissances sur la maladie du sommeil, que plus de la moitié (59%) des enquêtés ignorent que l'on peut avoir la maladie du sommeil tout en gardant l'aspect d'une personne en bonne santé. A propos des manifestations cliniques, 31,1% n'évoquent aucun symptôme connu de la THA. Certains enquêtés citent à côté des signes connus de cette endémie, des manifestations erronées dont la "baisse de la vue et les démangeaisons" qui se rapportent à la filariose et non à la THA. Au sujet du mode de transmission, de nombreux enquêtés (40,5%) ne savent pas que la glossine est le vecteur de la maladie du sommeil. Certains signalent d'autres modes de transmission dont l'hérédité, les rapports sexuels ou le manque d'hygiène. On constate que le niveau de connaissance sur le maladie croît selon le niveau d'instruction et diffère significativement selon le sexe (p < 0,05), avec un avantage pour les hommes. En ce qui concerne les perceptions, on remarque que la THA est perçue comme une maladie grave. Elle était autrefois considérée comme une maladie liée à la sorcellerie. A la faveur des campagnes de dépistage effectuées dans la région, les populations se sont rendues compte qu'elle n'avait aucun raport avec le mystique ou le surnaturel. Parlant de la prévention, la plupart des enquêtés ignorent (37,5%) ou ne croient (23%) pas à la possibilité de prévenir la maladie du sommeil. Au sujet des moyens de prévention, 11,3% seulement évoquent le piège à glossine. Cette étude met en évidence de fausses croyances et préjugés vis-à-vis des structures qui dans le passé ont intervenu dans la lutte contre la maladie du sommeil. Les uns signalent des cas de décès de malades survenus à l'Hôpital de Dschang. Selon eux, ces décès étaient dus au fait que les malades originaires d'une autre région, ont été mal pris en charge au niveau de l'Hôpital de Dschang. Les autres enquêtés soulignent à l'endroit des équipes mobiles, que le sang prélevé lors des campagnes de prospection médicale est utilisé à des fins commercilaes. Il ne s'agit pas d'un commerce ordinaire puisque les mêmes personnes parlent de sociétés communémént appelées "Famla". Par rapport aux ^ratiques vis-à-vis de la THA, les populations s'attellent principalement à la culture de café et de produits vivriers dont l'entretien les oblige à être régulièrement dans les plantations. Ces activités augmentent le temps d'exposition des populations aux contacts avec le vecteur. Par ailleurs, ces populations sont très mobiles et se déplacent régulièrement dans le foyer et même vers le foyer de Fontem voisin, ce qui accroît le risque de dissémination du parasite. L'étude devait par ailleurs déterminer les raisons de l'échec de la dernière campagne de lutte contre les glossines effectuée dans le foyer de Santchou en 1990. Ainsi on a pu relever des insuffisances dans la mobilisation de la sensibilisation des populations. La plupart des chefs traditionneles rencontrés déclarent n'avoir pas été impliqués aux activités de cette campagne. De même certains enquêtés ignorent le rôle que les villageois devaient jouer dans cette campagne basée pourtant sur la participation communautaire. En plus on relève des difficultés d'ordre économique et politique qui se sont traduits sur le terrain par le manque de matériel de lutte et l'absence de suive des activités.
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