Devant l’importance croissante des problèmes
de population en Afrique, et le manque de ressources humaines pour les gérer,
l’IFORD à été créé en 1972 par les Nation
Unies, pour former les démographes de haut niveau pour les pays d’Afrique
francophone.
Faisant partie de sa mission, l’IFORD, comme les autres partenaires
du réseau Demoneta (CEFORP, ENSEA, ISSP, URD), produit chaque année
des données démographiques sur l’ensemble de l’Afrique
francophone. De la documentation et des données d’enquêtes
y sont accumulées par les différents démographes qui y
passent en tant qu’enseignant, chercheur ou étudiant. Pendant des
années, des fonds considérables sont investis pour la réalisation
des opérations démographiques. Mais peu d’intérêt
à été accordé à l’archivage et à
la préservation des résultats de ces opérations. Par
conséquent, certains fichiers ou documents y relatifs sont devenus introuvables,
voire dans les pays concernés par ces opérations. Fort heureusement, la situation est
en train de changer et des initiatives de sauvegarde et de valorisation des
opérations de collecte ont été entreprises depuis quelques
années.
Dans le cadre de son Plan Stratégique à Moyen Terme, l’IFORD
a comme un des axes stratégiques, la consolidation de sa place
comme centre de référence pour l’appui aux systèmes
d’information de statistiques sociodémographiques en Afrique. C’est
pour atteindre cet objectif que l’IFORD bénéficie de l’appui
du Programme Statistique Accéléré (PSA/ADP) dans le cadre
dudit projet. Le projet IREDIF est la version IFORD du projet IREDA (Inventaire
des Recensements et Enquêtes Démographiques Africaines), piloté
par le CEPED - France.
CONTEXTE
Pour compléter les activités du Réseau International pour
les Enquêtes auprès des Ménages (IHSN, www.surveynetwork.org),
le Programme Statistique Accéléré (PSA/ADP) a été
établi en 2006 avec l’objectif d’apporter des améliorations
rapides sur la qualité et la disponibilité des données
d'enquête auprès des ménages dans les pays en voie de développement.
Entre autres activités, le PSA apporte un appui aux institutions partenaires
dans les pays participant pour une meilleure utilisation des données
existantes, notamment par l’inventaire, la documentation et la diffusion
des enquêtes existantes, et l’établissement d’archives.
Le PSA est mis en œuvre comme programme satellite du secrétariat
PARIS21 à l'OCDE, et est financé par la Banque Mondiale.
Dans le cadre de la mise en œuvre du PSA, l’IFORD bénéficie
de l’appui de l’OCDE/PARIS21 pour réaliser l’inventaire,
l’archivage et la diffusion de ses données et documents de recensements
et d’enquêtes. Ce programme reçoit l’appui du CEPED,
l’INSEE (France) et de l’INS Cameroun.
Le projet IREDIF est la version IFORD du projet IREDA, qui lui-même est
l’aboutissement d’un long processus de réflexion sur l’observation
démographique à travers les expériences de Francis Gendreau
et de Françoise Gubry, deux démographes dont les parcours professionnels
se sont plusieurs fois croisés.
En effet Francis Gendreau, démographe de l’IRD qui avait débuté
sa carrière de chercheur à Madagascar où il avait réalisé
divers projets de collecte démographique, fut le premier directeur de
l’Institut de Formation et de Recherche Démographiques (IFORD)
de Yaoundé, créé en 1972. Françoise Gubry enseigna
la démographie à l’IFORD dans les années quatre-vingt.
La formation théorique et pratique aux opérations de collecte
y était et demeure un des points forts du programme de formation des
étudiants.
Tous les deux se retrouvèrent ensuite au CEPED créé en
1988, le premier comme directeur et la deuxième, après une formation
complémentaire de documentaliste, pour y monter le centre de documentation
qui y existe toujours. Le CEPED est l’héritier du Groupe de Démographie
Africaine (GDA) aux travaux duquel Francis Gendreau avait participé entre
1965 et 1985. Le GDA qui regroupait de manière informelle des chercheurs
de l’INED, de l’INSEE, de l’ORSTOM et du Ministère
français de la Coopération, avait accordé beaucoup d’importance
aux thématiques liées à la collecte et à l’analyse
des données démographiques et avait consacré de nombreuses
publications à ces sujets. C’est ainsi que, parallèlement
aux autres activités de recherche qui furent menées au CEPED,
une grande attention continua à être portée à tout
ce qui concerne les données démographiques. Les premières
publications du CEPED ont d’ailleurs souvent concerné la collecte
démographique et la diffusion des résultats.
Le centre de documentation et d’information de l’IFORD, créé
la même année de la création de l’IFORD est aujourd’hui
une véritable vitrine de l’institut. Pendant ses années
à l’IFORD, Françoise Gubry a oeuvré pour le développement
de la collection documentaire de ce centre. Le centre dispose aujourd’hui,
une immense collection de ressources documentaires (monographies, périodiques,
mémoires et thèses, etc.). Ce centre regorge également
une vaste collection des documents sur les opérations de collecte démographiques
(documents techniques, manuels à destination des enquêteurs, questionnaires,
cartes, manuels de codification, documentation des bases de données,
publications de résultats et d’analyses, etc.), réalisées pendant des
années en Afrique, donc des documents rares et très précieux.
L’accès à distance à ces gisements documentaires
est possible aujourd’hui, grâce au catalogue bibliographique en
ligne (www.iford-cm.org/bd) et au portail d’IREDIF.
Les 7emes Journées scientifiques du Réseau Démographie
de l’AUF ont été l’occasion de valoriser toute cette
expérience et ce sont elles qui ont été le facteur déclenchant
du projet IREDA. En effet, ces Journées, qui se sont déroulées
à l’Université Laval à Québec (Canada) en
juin 2007, avaient pour thème "Mémoires et démographie
: regards croisés au Sud et au Nord". Elles se sont terminées
par l’adoption de la "Déclaration de Québec sur la
sauvegarde et la mise en valeur des recensements africains». Francis Gendreau
et Françoise Gubry avaient rédigé ensemble pour ces Journées
une communication faisant un état des lieux des grandes opérations
démographiques nationales africaines intitulé "L’observation
démographique en Afrique. Leçons du passé, perspectives
d’avenir, préservation et valorisation des opérations".
La préparation de cette communication leur avait permis de faire le constat
que la simple liste datée des opérations démographiques
nationales s’étant réellement déroulées n’était
pas aisée à établir et qu’il était aussi relativement
rare de trouver des informations démographiques précises remontant
au-delà des dix dernières années sur les sites Web des
Instituts de statistique.
De l’association d’un chercheur démographe et d’une
documentaliste démographe naquît alors un début de projet
d’inventaire des opérations nationales démographiques africaines.
Au départ, dans leur esprit, il s’agissait d’une liste validée
des opérations qui ont réellement existé, avec leurs dates
de collecte et accompagnée pour chacune, non seulement de la liste des
publications officielles, mais aussi de celle des travaux des chercheurs réalisés
avec ces données statistiques. Beaucoup de ces documents sont disponibles
au centre de documentation du CEPED, de l’IFORD et chez ses partenaires
du réseau Demoneta qui sont également parties prenantes de cet
inventaire. Ce projet a reçu le soutien de l’International Household
Survey Network (IHSN) ainsi que d’autres organismes tels que l’INSEE
ou l’AUF, ce qui lui a permis d’être plus ambitieux dans ses
objectifs et de mieux s’intégrer avec les autres projets d’archivage
de données statistiques.
Le projet IREDA a ainsi pour ambition de contribuer à la valorisation
des données démographiques nationales, tandis que le projet IREDIF
s’attarde à la valorisation des données démographiques
réalisées par l’IFORD. Entre autres, les deux projets visent
à faciliter le dialogue entre les producteurs et les utilisateurs des
données et d’être une première pierre posée
à l’élaboration de projets de recherche. C’est une
des composantes du groupe de travail international "Valorisation des données
démographiques nationales" (ValDemo) du CEPED, qui a pour objectif
de développer l’accès aux données des opérations
de collecte et d’en développer l’analyse dans une perspective
comparative.